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vendredi, novembre 28, 2003



Le temps. Lutter contre le temps, car le temps vous attaque. Tout passe trop vite, et tout passe trop lentement. Blogger, tenter de reblogger, pour d’ajouter des dimensions aux temps, le faire passer d’un couloir à une maison. Du premier couloir sombre de La Maison des feuilles, au labyrinthe du Minotaure. Mieux vaut se perdre que rester enfermé, se perdre, c’est vivre. La semaine dernière me semble si éloignée d’aujourd’hui, et pourtant aujourd’hui me semble si près de la semaine dernière. Visages, des visages muets qui parlent tous de la même voix, plus de personnages chaque jour qui se rajoutent, tandis que d’autres partent, trop décevants, ils ne partent jamais seuls, ne vous trompez pas. Et certains visages viennent d’eux même, sans que les cherchent, alors qu’on ne leur a rien demandé. La seule chose qui me fait croire qu’hier fût différent d’aujourd’hui, c’est la certitude que dans un ans, j’écrirai mieux, je serai un artiste plus doué, un homme plus cultivé, plus beau, plus conscient de lui-même, et que mes œuvres surpasseront encore celine. Parce que c’est exactement ce qui s’est passé depuis l’année dernière.



Elephant- BandeOriginal


Grosse dose de Ludwig Van. L’ambiance est là, les images apparaissent doucement, en flash. Malgré tout, il reste quelque chose de décevant. Incomplet. Bancal, en fait, compilé par mk2, et il manque des sentiments. Ce sont les bruits concrets jeté en fin de diques qui m’ont le plus déçu, car ils demandent, ils réclament en pleurs, une image.






Et puis bien sûr, son visage, sa voix, son corps, son esprit, ses cheveux, ses attitudes. Elle est le seul animal complet de la cour, le seul qui ne soit pas infirme génétiquement. Le rire idiot de son amie, j’aimerai la tuer. Une ribambelle de mecs tout autour, des nouveaux à chaque fois, on peut presque palper leurs triques vicelardes, leurs pensées qui n’existent pas, des pensées de reptiles. Approcher, leur dire que je l’ai connue comme ils [arrêt volontaire, rembobinage, le vin se verse à l’envers, rentre dans la bouteille en plastique qui se colorie toute seule.]

mercredi, novembre 26, 2003

Use me 

Est-ce que je souhaite faire une œuvre horrible sur la beauté, ou une belle œuvre sur l’horreur ?
Qu’est-ce que celine ?



Je me suis observé sur un document vidéo, lisant les dix dernières lignes de Cosmopolis de Don Delillo. Tout sauf moi. Moi, l’image de moi, à 14 ans, peut-être 15, une coupe de cheveux différente, une voix bien plus lointaine, un corps sans doute similaire, mais que je préférais changer à l’idée ; cela a disparu. Ce n’est pas cette vidéo que je dénigre, que je rejette comme n’étant pas moi, au contraire, l’image vidéo a remplacé le spectre de mon corps, elle l’a occulté, détruit à jamais, peut-être pas. Personne ne l’a compris. Je pourrai regarder dix milles fois le passage de la vidéo, pour comprendre, pour tenter de déchiffrer, savoir qui vraiment apparaît sur la bande. Qui est-ce ? Que fait-il ? Je pourrai vivre comme ça, passer un jour devant les caméras, le jour suivant à visionner, puis le jour d’après, encore à vivre, et ainsi de suite. La vie serait plus courte et plus longue, plus délectable, elle pourrait s’améliorer. Regarder les autres, les filles uniquement, me rappelait Sex, lies and videotape, tant d’érotisme fulgurant dans ses réflexions, dans ses voix figés à jamais, qui peuvent dire n’importe quoi, qui peuvent répondre à des questions jamais posées, à celles qui viennent. Quel est le premier souvenir de ton père ?
Qu’est-ce que le sexe ? Qu’est-ce que ton sexe ?


Regarder mon corps. Quelque chose cloche, dans la position ordinaire. L’extraordinaire, l’exploit, le sexe ne l’effraie pas. C’est être immobile qui le paralyse, qui le fait se retourner vers lui-même, se figer, se raidir, former une masse infiniment difforme, bien que l’on ne sache pas d’où cela vient. Il est laid quand il s’ennuie, il s’ennuie tout le temps. Quelque chose cloche en moi. Qui fait que je ne peux jamais réussir. Toujours un degré d’erreur, pas d’imperfection, parce qu’elle est toujours présente, non, d’erreur, dans chacun de mes mots, de mes gestes, de mes phrases, de mes intonations, de mes regards. Quelque chose qui me trahit, qui trahit le fait que sur mon cœur est écrit : « Looser », ça ne se voit pas tout de suite. Jamais je n’achèverai, je suis condamné à commencer, puis à abandonner, être abandonné plutôt. Je devrai partir avec une ONG, dans un pays inconnu, nourrir les pauvres. Je devrai partir, très vite, toujours, et je vais le faire. « The drift is gonna take me. »




Love is the devil de John Maybury


Entre David Lynch et Donnie Darko, du pur visuel, à voir sans doute sur grand écran, avec un vrai son. Abstrait, parce que l’histoire nous importe peu. La montre part à l’envers, comme le reflet de l’horloge dans V., l’anti-temps, l’ampoule s’allume, s’éteins. Seul le souvenir est viable, seul le souvenir est supportable, le reste de la vie, le présent, est horrible. Le passé est malléable, interchangeable, il vient à chaque appel, il répond à toutes nos attentes, le passé, c’est la seconde qui vient de s’écouler, c’est le jour qui vient de s’écouler, le mois. Le passé est ce qui nous force à vivre, à vivre le présent, parce sans lui, pas de souvenirs. Qu’est-il arrivé en un mois ? Que ce qui peut-être changé, effacé, rajouté ? Rien. Tout n’était que regard, alors les regards deviennent des sourires, tout n’était que pensée, alors les pensées deviennent des œuvres, tout n’était qu’imagination, alors l’imagination devient réalité. Et il ne reste rien, que des bribes de minutes qui s’écoulent, terriblement vide, à écouter la bande se dérouler, sans que rien n’apparaissent à l’image, juste le silence en guise de son, un souffle rauque, les souffles. Il est impossible de sonder le souffle, il n’écoute ni ne répond. Je ne peux qu’être hors de lui, et le subir, je peux attendre qu’une bouche apparaissent à l’écran, et qu’un corps suive. Mais le souffle s’arrêtera-t-il, ou sera-t-il juste visible ? Attendre. Le souffle continue jusqu’à un moment, dans le futur, où la réalité se transforme en souvenir, et non plus l’inverse. Le moment où l’anti-temps devient temps, vice-versa.

Est-ce que je souhaite faire une œuvre horrible sur la beauté, ou une belle œuvre sur l’horreur ?
Qu’est-ce que celine ?



Je me suis observé sur un document vidéo, lisant les dix dernières lignes de Cosmopolis de Don Delillo. Tout sauf moi. Moi, l’image de moi, à 14 ans, peut-être 15, une coupe de cheveux différente, une voix bien plus lointaine, un corps sans doute similaire, mais que je préférais changer à l’idée ; cela a disparu. Ce n’est pas cette vidéo que je dénigre, que je rejette comme n’étant pas moi, au contraire, l’image vidéo a remplacé le spectre de mon corps, elle l’a occulté, détruit à jamais, peut-être pas. Personne ne l’a compris. Je pourrai regarder dix milles fois le passage de la vidéo, pour comprendre, pour tenter de déchiffrer, savoir qui vraiment apparaît sur la bande. Qui est-ce ? Que fait-il ? Je pourrai vivre comme ça, passer un jour devant les caméras, le jour suivant à visionner, puis le jour d’après, encore à vivre, et ainsi de suite. La vie serait plus courte et plus longue, plus délectable, elle pourrait s’améliorer. Regarder les autres, les filles uniquement, me rappelait Sex, lies and videotape, tant d’érotisme fulgurant dans ses réflexions, dans ses voix figés à jamais, qui peuvent dire n’importe quoi, qui peuvent répondre à des questions jamais posées, à celles qui viennent. Quel est le premier souvenir de ton père ?
Qu’est-ce que le sexe ? Qu’est-ce que ton sexe ?


Regarder mon corps. Quelque chose cloche, dans la position ordinaire. L’extraordinaire, l’exploit, le sexe ne l’effraie pas. C’est être immobile qui le paralyse, qui le fait se retourner vers lui-même, se figer, se raidir, former une masse infiniment difforme, bien que l’on ne sache pas d’où cela vient. Il est laid quand il s’ennuie, il s’ennuie tout le temps. Quelque chose cloche en moi. Qui fait que je ne peux jamais réussir. Toujours un degré d’erreur, pas d’imperfection, parce qu’elle est toujours présente, non, d’erreur, dans chacun de mes mots, de mes gestes, de mes phrases, de mes intonations, de mes regards. Quelque chose qui me trahit, qui trahit le fait que sur mon cœur est écrit : « Looser », ça ne se voit pas tout de suite. Jamais je n’achèverai, je suis condamné à commencer, puis à abandonner, être abandonné plutôt. Je devrai partir avec une ONG, dans un pays inconnu, nourrir les pauvres. Je devrai partir, très vite, toujours, et je vais le faire. « The drift is gonna take me. »




Love is the devil de John Maybury


Entre David Lynch et Donnie Darko, du pur visuel, à voir sans doute sur grand écran, avec un vrai son. Abstrait, parce que l’histoire nous importe peu. La montre part à l’envers, comme le reflet de l’horloge dans V., l’anti-temps, l’ampoule s’allume, s’éteins. Seul le souvenir est viable, seul le souvenir est supportable, le reste de la vie, le présent, est horrible. Le passé est malléable, interchangeable, il vient à chaque appel, il répond à toutes nos attentes, le passé, c’est la seconde qui vient de s’écouler, c’est le jour qui vient de s’écouler, le mois. Le passé est ce qui nous force à vivre, à vivre le présent, parce sans lui, pas de souvenirs. Qu’est-il arrivé en un mois ? Que ce qui peut-être changé, effacé, rajouté ? Rien. Tout n’était que regard, alors les regards deviennent des sourires, tout n’était que pensée, alors les pensées deviennent des œuvres, tout n’était qu’imagination, alors l’imagination devient réalité. Et il ne reste rien, que des bribes de minutes qui s’écoulent, terriblement vide, à écouter la bande se dérouler, sans que rien n’apparaissent à l’image, juste le silence en guise de son, un souffle rauque, les souffles. Il est impossible de sonder le souffle, il n’écoute ni ne répond. Je ne peux qu’être hors de lui, et le subir, je peux attendre qu’une bouche apparaissent à l’écran, et qu’un corps suive. Mais le souffle s’arrêtera-t-il, ou sera-t-il juste visible ? Attendre. Le souffle continue jusqu’à un moment, dans le futur, où la réalité se transforme en souvenir, et non plus l’inverse. Le moment où l’anti-temps devient temps, vice-versa.

mardi, novembre 25, 2003

elephant 











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