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lundi, décembre 29, 2003

Back to Rome II (un joli portrait pas imprimé) 

Me revoilà à Rome, l’endroit que tout le monde déteste, mais où, à force d’imagination, j’ai réussi à me créer un cocon onirique. La dernière fois que j’étais ici, je ne pensais qu’à elle, qui m’attendait. Aujourd’hui, plus rien ne me la rappelle. Je ne pense qu’à lire, facile, et à écrire, plus dur.


Les trois questions de l’année :

1. D’où connaissait-elle Twin Peaks ?
2. Pete et Carl sont-ils vraiment réconcilier ?
3. Où sont les femmes ?



L’année s’est déjà terminée avec Noël, le 24. Alors maintenant, jusqu’au 1er, nous sommes dans un creux, une interzone, où tout peux se passez sans que l’on en garde souvenir, et où rien ne se passe, sans que l’on en garde souvenir. Un trou dans le ciel. Quel moment serait le mieux approprié pour commencer le poumon ?



D’où connaissait-elle Twin Peaks ? Cela me rend fou, où l’as-t-elle vu, avec qui, comment, pourquoi elle n’en parlait pas plus ?




J’attends, tout simplement. Lire Middlesex de Jeffrey Eugenides, et tenter d’en retenir absolument tout les mots, les thèmes, les idées, parce que c’est vraiment incroyable.

Ecrire à minuit, nu devant l’écran de mon portable, un peu de Ludwig Van dans les écouteurs, ou bien Climbing up the walls remixé par Zero 7. Le Poumon avance doucement, peut-être pas aussi bon que j’aurai pu le rêver.


Qu’est-ce qu’u bon film ? Un bon film est un film qui reste à l’esprit. Rien d’autre, rien de plus, pas de qualités, de défauts, de structure. Pour une comédie, rire encore, rien qu’en y pensant, se rendre compte que la vie y ressemble parfois. Pour tout, avoir des images qui sautent aux yeux à n’importe quel moment, à l’improviste. Simplement, sortir de la salle, du cinéma, et y penser encore, avoir l’impression d’être rester devant l’écran, voire dans le film.

Ça m’arrive en ce moment avec Anything Else. Aussi, avoir entendu des cris d’oiseaux, il est 17 heures 30, lever la tête, et se rendre compte que c’est le générique d’Elephant.

samedi, décembre 27, 2003

Un trou dans le ciel ... 





Magnolia de Paul Thomas Anderson


Quel sentiment étrange de se placer devant un écran à 22 heures, et de l’éteindre à 1h00 du matin. Entre-temps, rien a changé, le monde proche est toujours le même, il n’a pas brûlé d’un coup, personne n’a disparu. Et dans l’esprit, tout est différent, à 100%, si le monde n’a pas changé, un autre est apparu, pour trois heures, avant de s’échapper, de pénétrer dans l’infini, l’inconnu, l’incertain. Je ne suis plus le même homme, tout est étrange, des gens étrangers m’apparaissent, des images me reviennent, elles ne sont plus similaires à ce que elles étaient au départ. Ce film a fait ça, il a changé ma vie, et une telle qualité est assez rare pour être souligné. Même si cette année, beaucoup de choses comme cela ont touchées mon cœur. Dans Anything Else et tout les films à sujets artistiques de Woody Allen, le héros cherche à écrire l’histoire parfaite, sur l’horreur de la vie, la solitude, la longue souffrance, et l’amour. Paul Thomas Anderson a réussi faire cela. En 3 heures, il a réussi. Un peu long pour ceux qui ne sont pas prévenu, mais on ne voit pas le temps passé, comme pour Eyes Wide Shut. Magnolia est une œuvre réaliste, sociologique, surréel, intemporelle, explosive, calme, classique, moderne, post-moderne, chiante, enivrante, excitante, bourgeoise, underground. Oui, c’est contradictoire, vous l’avez aussi remarqué ? Et alors, c’est bien là le talent. Et arrivé à construire autour de temps de personnage, les rendre aussi attaché, confiné Tom Cruise à un second rôle, un habitué des seconds rôles au premier rôle. Dans Magnolia, vous verrez des choses improbables, des gens qui se connaissent, se croisent, sans se voir, en fond trop, une morte qui chante, un cancéreux qui chante, un enfant qui chante, Tom Cruise qui chante, et tous la même chanson, à la suite ; vous verrez du mélo, plus que vous n’en demandez, et si ça ne vous plait pas, allez voir « Fellini Satiricon » et perdez vos sentiments. Crédible à un bout, incroyable à l’autre, Magnolia est l’œuvre parfaite qu’il ne faut même pas racontée, je ne l’a raconterai pas, elle est sans fin, elle est terriblement bien pensé. Un monde réel, des personnages de cinéma, des situations too much, des événements sorties d’autres films, d’autres genres, de la science fiction. Et pourtant, ces choses arrivent. Magnolia est tout à la fois, il n’exagère pas dans un genre. Magnolia est la vie, voilà pourquoi il est si long. Lors de la troisième heure, un couple étrange se forme dans un restaurant, juge de tout se dire, s’aime et disparaît. Ses choses sont réelles, elles se doivent d’être réelles, pour que la vie soit vivable. Je pourrai dire plus et je ne le veux pas. Magnolia existe, à porté de vous. Trouvez-le. Ou il viendra à vous un jour.



Maintenant, je peux presque sentir Le Poumon arriver. Les personnages prendre vie. L’action est proche, il faut attendre encore un tout petit peu.







C’est comme cela que se termine l’année cinématographique : avec une deuxième vision de Kill Bill. J’ai peur que c’était terriblement moins prenant que la première, mais cela n’enlève rien au film. C’est l’ambiance, l ‘état d’esprit qui n’était plus le même, sans la surprise, l’admiration. Tout de même, revoir les larmes de Gogo, la pluie de sang sur la jeune O-Ren, la scène métaphysique du Pussywagon, me rendre compte que je suis le seul à rire quand The Bride passe treize heures à bouger ses doigts de pieds, et que les autres rient pour des conneries. Il aura été étonnant de voir cette année dans les salles, des gens qui n’avaient rien à voir avec le film. Des vieilles pour Elephant, des familles pour Kill Bill, des vieux couples pour Ken Park, moins surprenant, des vieilles bourgeoises pour Anything Else. En fait, des vieilles bourgeoises à toutes les séances, c’est étrange. Et presque toujours, le jeune couple magnifique, à peine plus vieux que moi, le type, à peu près toujours le même style, les filles différentes, blondes ou brunes. Ça a tendance à me rassurer sur mon avenir proche. En gros, pas mal de gens très éloignés de moi, c’est la surprise de 2003. Il eut beaucoup d’autres choses bien sûr, des vidéos, des romans, de la musiques, de l’écriture, des gens (un peu), de la technique, de l’auto-psychanalyse, de la psychanalyse, des rires, pas trop gras, pas trop appuyés, juste ce qu’il faut. Du changement. Autant en espérer plus ou pareil. Du progrès ; c’est ce que je préfère dans la vie. Matin de 24, marcher en ville. Beaucoup de monde, très disparaître, assez peu de gens seuls. Je suis le seul. Je regarde tous ces visages, si différents, imbéciles, énervants, sourire faux cul, dents blanches, paquets cadeaux, séduisants, attractifs ; et comme je vois trop souvent mon propre visage, je décide de rentrer. Année 2003, fin de la contemplation.

Janvier 2004 : Twin Peaks, Lost In Translation, American Splendor.

mardi, décembre 23, 2003

Is Madeline Albright sexy? 




Alors comme ça, rien ne vient. « celine » était une quête interne, motivé par des intérêts secrets et enfuis, refaisant surface le temps d’une phrase. C’était une vengeance, froide, c’était moi, en technicolor. Pour être clair : qu’est-ce que j’en ai à faire de l’histoire d’une femme mariée qui découvre un esprit vert et sexuel ? Voilà une difficulté qui devrait être surmontable, si je veux me vanter d’être un vrai auteur. Les vrais auteurs n’existent pas, il n’existe que des grandes œuvres, peu importe comment elles ont été faites, d’où elles viennent, parce que tout est contenu à l’intérieur d’elle-même. Donc, je fais fausse route. Un mauvais sujet, ça m’est déjà arrivé, rien de grave. Je serai donc obligé d’écrire d’histoire urbaine avec uniquement des personnages jeunes et récurrents. Je ne veux pas y croire. J’espère que le temps fera à l’affaire, rendre la trame plus clair. Et il faut que je lise, pour l’impulsion, pour entrer dans le monde des mots. Que les mots prennent possession de mon cerveau, transforment tout ce qui s’y trouve en équation alphabétique, avant de tout éjecter, touche « vomi ». C’est une certitude, « celine » ne suffit pas, ce n’est que le début de la justification de ma vie, ce n’est que la première œuvre que je peux faire lire, il y en aura d’autres et tout de suite, sous deux semaines. Il me faudra juste du calme, ce qui risque d’être difficile.

La dose d’espoir que je porte en moi est assez incroyable. Je sais que « Le Poumon » ne me mènera nulle part, je le comprends en tentant de l’écrire, comme je l’avais compris pour « Morrison ». Et pourtant, je continue… Stupidité, perte de temps. Je ferai mieux d’écrire autre chose, très vite, une nouvelle et d’améliorer ma forme poétique.



La vie vaut la peine d’être vécu pour une minorité de gens. Ceux qui trouvent l’âme sœur. Vraiment. Certains y croient, mais le temps qu’ils réalisent leur erreur, c’est trop tard, mariés, enfants, maison. Les gens qui ratent leur vie à cause de ça deviendront fou, avec le temps. Des vrais crises modernes. Viendra un temps où ils sortiront tous dans la rue, un par un, ou en groupe, armés ou à mains nus, ils tueront les premières personnes qui passeront devant eux, parce que tout le monde est un inconnu pour eux. Ils auront tous entre 35 et 50 ans. Ils seront mariés, divorcés, célibataire endurcis, ils auront des emplois haut placés ou seront aux chômages. Tous très différents, une chose les unis : le sentiment d’être seul. Ce ne seront pas des criminels fichés, ils n’auront jamais rien fait de mal. Cela a déjà commencé, en France, aux Etats-Unis, au Japon, même si la culture là-bas tourne plutôt la chose au suicide. Ce sera Fight Club, mais avec des gens plus vieux, sans leader, sans être fédérés, sans plan pour changer le monde. Rien qu’une terrible envie de mourir, et d’entraîner le plus de gens avec eux. Pour se venger, pour les sauver, pour se mettre en valeur. Ce seront tous des hommes, c’est comme ça. Peut-être parce qu’ils ont appris à exprimer leur sensibilité, leur côté féminin, alors que la vie ne leur donne rien en échange, ne s’y est pas adapté. Ce sera une crise virile, d’un coup, et très enfantine en même temps. Le caprice d’un petit garçon. Je sais déjà que j’en ferai parti. Dans Ken Park, le père d’un des garçons, après l’avoir traité de pédale, après avoir brisé son skateboard, entre dans la chambre de son fils en pleine nuit, bourré, et lui touche la bite. Sa femme est enceinte, il est le type même de l’imbécile, le raté, au chômage. Son côté sensible, il ne l’exprime jamais sous son air macho, mais on le devine, on devine ses rêves d’enfants. Repoussé violemment, il s’écroule misérablement à terre et dit : « Personne ne m’aime» …



Voilà un sujet. Ça a déjà été fait. Ken Park, Fight Club, …



« Fellini Satiricon » de Frederico Fellini


De Fellini, j’avais cru comprendre qu’il était inspirateur de Woody Allen. Dans toute la filmographie du bonhomme, j’ai du faire le mauvais choix. J’en suis attristé, ça n’en reste pas moins un fait : c’est un des plus mauvais film que je n’ai jamais vu. Laid, con, ni drôle, ni sentimental, ni artistique, un ramassis d’idiotie sans fin, sans intérêt. Un film à fuir comme la peste, très vite, avant que quelqu’un ne vous poursuive, la K7 en main. Courez mes amis, car le pire est derrière vous, le pire est inintéressant, le pire ne donne aucune impression, le pire n’est pas un monde, le pire est juste de la bobine. Je ne dis pas que Fellini est mauvais, loin de là, je n’en sais rien. Ce que m’est venu à l’esprit en le regardant, c’est « Time Bandits » de Terry Gilliam. Il s’agit du même genre de navet, pourtant réalisé par un génie, capable de nous offrir « Brazil ».

dimanche, décembre 21, 2003

Jeffrey Lewis soundtrack II 



La deuxième fois, regardez bien la salle, les gens qui y sont. Après, regardez bien les figurants dans le film, simple silhouette, de dos, de face, parfois même prononçant une phrase : parmi eux, vous retrouverez tous les spectateurs qui partagent le cinéma avec vous.
Un couple derrière moi, sont dans mes âges, la jeune fille très brune, est magnifique, quand je me retourne, elle me regarde plus ou moins, je lui sourit. C’est peut-être son frère, mais il faut pas rêver tout de même. De toute façon, ils sont sortis trop vites. Un jour, quand je sentirai le moment de me lever, je me retournerai et il ne restera plus que moi et Acadia dans la pièce.
Les deux vieilles bourgeoise, juste derrière moi, commencent à parler 2 minutes avant la fin du film. Ça a tout ruiné, vraiment, pour moi et pour elle, mais je crois qu’elles s’en foutaient, elles, elles ont tout loupé. Et durant le film, l’une d’elle n’arrêtait pas de répéter certains mots anglais qui défilaient, genre « gorgeous ».
L’ouvreuse est assez jolie, ces bras nus de blonde sont sexy, je suppose. Elle sourit quand j’arrive, et sourit quand je repars. Alors, je sourit quand j’arrive, et sourit quand je repars. Près de la sortie, à un guichet, une fille qui me rappelle quelqu’un, nous avons sans doute été dans le même bahut à un moment. Ce n’est pas elle, ce n’est pas Natasha, elle m’avait pourtant parler de travailler là-bas.


C’est la faute à Woody Allen, après tout, si je suis un peu naïf. Si je croyais que sortir et coucher avec quelqu’un, impliquait forcément d’être amoureux d’elle. En fait, non. C’est pas moi qui le dit, c’était elle, et c’est tout les autres. Plaire suffit. « Tu me plais ». Je pensais aussi qu’être séduit voulait dire être amoureux. En fait non. Mais alors, quand est-ce que l’on est amoureux ? Est-ce un si grand mot, un si terrible sentiment pour être un tel tabou, pour que l’on en parle peu ? Chez Woody Allen, en anglais donc, il y a « in love » et « loving ». C’est tellement mieux, tellement plus joli. Je suis désolé, je veux entendre « je t’aime » avant de faire l’amour, je veux le dire, parce que sinon, j’ai l’impression que l’on va me présenter une facture une fois que j’aurai fini.




J’ai l’incommensurable besoin d’un bon livre, de m’assoire, le lire, tester mes nouveaux disques dessus, disparaître, être impatient d’y retourner, quand on doit passer à autre chose. Pour l’instant, je n’ai pas ça en stock. Noël, viendra peut-être avec quelques bonnes surprise, je l’espère. Et même, en un an, je ne crois pas que quelque chose soit sorti qui puisse surpasser « La Maison des feuilles », cadeau de l’année dernière.


Je dois écrire « Le Poumon ». Donner un digne frère à « Celine », libérer tout ce que ma tête enchaîne, et justifier ma façon de vivre. Le synopsis était simple, au début : « une femme mariée découvre un esprit vert et sexuel dans une pièce secrète », et maintenant, trop de monde se bouscule à la porte de cette pièce, un mari, une fille, un jardinier, un amant, un meurtre. Je ne voulais pas faire un vaudeville, je voulais révolutionner le film d’horreur en le mixant avec mon monde. Je n’ai pas encore rencontré l’esprit vert et sexuel, c’est le problème, ou bien je l’ai perdu. Du coup, l’univers n’est pas mathématique, la terre ne tient pas fixée dans le vide, elle s’écroule, lourde et perdue au milieu des autres planètes qui se battent pour la même chose. Que faire ? Où le trouver ? Est-ce que le monde décrit vaut le coup ? Des questions qui ne trouveront réponse qu’à travers le temps, sauf que le temps est compté : deux semaines, sous surveillance de surcroît. « Celine » est l’histoire d’un seul personnage, un monde irrationnel, mais avec l’introduction de personnages multiples, c’est l’espace et le temps qui entrent en jeu, toutes les notions que nous avons. Penser physique quantique, déjà relativité, à la rigueur. C’est une réponse possible.



Le fantôme de l’opéra.


Ô combien triste l’histoire d’un homme torturé, devenu fou et défiguré, qui tombe amoureux. Triste image de la femme aussi, d’abord amoureuse de son « Maître », voix virile qu’elle entend depuis sa loge, prête à le suivre n’importe où, puis dégoûtée, effrayée, devant le monstre qui l’aime. Ici, pas d’acceptation, d’amour ou d’amitié. Le monstre est trop fou me direz-vous. Ce à quoi je vous répondrais qu’il expose juste un peu trop sa folie. La femme se dévoue à son ancien amant pour qu’il la sauve, revient vers lui après l’avoir ignoré, et se donne à lui une fois sauvée. Cliché me direz-vous, fausse conception de la femme, machisme. Et vous aurez raison, parce que dans la réalité, après avoir découvert le vrai visage de son « maître », elle l’aurait largué, quitte à lui montre un coup si il la retenait. Magnifique interprétation de Lane Chaney, intriguant et poètique quand il porte un masque pour cacher son visage affreux, étonnement réaliste avec son maquillage de monstre. Lors du Bal Masqué, le film passe étrangement en couleur pour quelques minutes, le temps de voir Lone Chaney arriver dans un costume rouge de La Mort, effrayant les convives même dans cet environnement, conscience de l’humanité présente dans le moindre moment. On imagine un convive, allant aux toilettes et s’effrayant à son propre reflet costumé dans le miroir, puis mourant dans une crise cardiaque. Voilà ce qu’est Lone Chaney. Il vit dans les dédales des caves de l’Opéra de Paris, anciennes salles de tortures, emplies de miroir, sièges d’horreur, d’espoir, d’amour et de lettres comme celle qu’a reçu V. A nouveau en noir et blanc, accroché à une statut sur le toit, sa cape rouge sortant noire, flotte dans le vide, alors que la jeune femme demande à son amant de venir la sauver …





samedi, décembre 20, 2003

Jeffrey Lewis soundtrack 

Anything else de Woody Allen




Premier Allen dans un cinéma. Tomber amoureux de Christina Ricci, la plus belle garce du monde, Amanda. Ou une personne vivante, tout simplement, comme toutes les autres femmes, et les autres hommes, avec des sentiments, une volonté propre et hésitante. Une femme séductrice, puis fuyante, intelligente et futile, c’est la réalité, c’est comme ça qu’elle existe. Et irrémédiablement, on en tombe amoureux. Et aussi, dingue sexuellement, après la scène en sous-vêtements. Il faut s’accommoder des gens, personne n’est parfait, surtout pas soi-même. Uniquement comme ça que l’amour peut réellement exister. La condition de son existence est aussi la raison de sa fin, mais dans longtemps, perdu quelque part sur la ligne du futur. Un début très similaire à Annie Hall, à tel point que l’on pense parfois avoir affaire à une reconstitution, ce qui avec Woody Allen, ne pose pas de problème. Et puis, le film suit sa propre vie, plus moderne (un peu), pareil en réalité, pareil en différent. Et cela ne pose pas de problème. La différence, très grosse différence, se trouve à la fin, où le double allenien, interprété par Jason Biggs et non plus Woody Allen, quitte New York pour s’installer en Californie et y trouver une nouvelle vie. Alice avait déjà effectuée une telle démarche dans le film éponyme, mais ici, c’est Allen lui-même qui quitte le nid de Manhattan, comme si une époque était fini, comme s’il avait compris qu’une vie est possible ailleurs, que ce qu’il cherchait tant depuis toujours se trouve peut-être à des centaines de kilomètres, dans le hasard de l’inconnu, sûrement pas si différent de ce qu’il y avait avant. C’est symbolique, bien sûr. Quand je disais que je dois partir …





Cette fille derrière moi a un rire splendide, stupide, fragile, indestructible. Je brouille quelques mots sur mon carnet de poèmes, j’ai l’impression qu’elle m’observe. Le film commence. Une autre femme arrive en retard, s’assoit dans un coin. Je sais qu’à la fin, je vais pouvoir sourire à l’une d’elle, engager la conversation, changer le monde, parce que c’est un film de Woody Allen, après tout, et qu’il y a des gens de mon âge, ou presque. La dernière image laisse la place au générique, je laisse ma tête glisser vers le vide, béate, et en moins d’une seconde, tout le monde est debout, et s’en va. Les deux muses pré-citées en font partie. Tant pis pour elles, je ne me dépêcherai pas. Je crois voir que celle juste derrière moi était avec un vieil homme. Et elle remet sa sorte de gros bonnet rose, qui lui cache les cheveux, qui lui mange le visage, et efface tout ce que j’ai pu aimer. Quoi qu’il en soit, ce fût une grande leçon comme d’habitude, qui m’apprend que je ne suis pas seul, pas si seul malgré toutes mes pensées, que même si les femmes courent, une d’entre elle ralentira bientôt, et ce sera à moi de courir, pour la rejoindre. C’était le film. Cette description de la salle fait partie du film, bien sûr, elle en est partie intégrante, en plus de tout le passé. Une dimension supérieure par rapport au dvd, qui remplace ce que l’on perd en introspection. On se demande encore comme Allen peut remonter le moral à partir d’une fin où un jeune homme triste et abandonné de tous, par pour l’inconnu ; et pourtant, il y arrive, c’est le talent. Quoi d’autre ? Un artiste, et un mauvais comme moi, peut-être aimé et peut aimer, c’est juste une façon d’être, l’avenir est devant moi, le temps va se remplir de plus en plus, des choses vont m’arriver, et elles finiront mal. Mais ce seront des choses, des événements, un futur passé, des souvenirs qui attendent de se dérouler, comme tous le reste…



Je connais mon problème. Je sais ce que vous pensez. Il se pose trop de question. Je le sais, ce que je ne sais pas, c’est comment lutter contre. Je suis comme ça, si quelqu’un répondait à quelques unes d’entre elles, mon esprit se calmerait. En attendant, l’interrogation est là, toute le temps, à des sujets insignifiants. Pourquoi s’inquiéter de la mort, alors que les jours défilent, qu’elle lui prend la main, que peut-être tous les yeux me regarde, que je dois parler. Comment stopper mon esprit ? Eh oui, c’est une question. Et surtout, est-ce que je le veux ? Parce que c’est génétique, et c’est qui fait de moi ce que je suis.



I walked with a zombie de Jacques Tourneur




Quelques heures après l’avoir vu, je me demande : Qu’est-ce qui s’est passé ? De quoi cela parlait ? C’est vrai qu’il ne s’est pas passé grand chose, sur cette heure à peine. Pourtant, l’intérêt est là, c’est un courant qui est passé, quelques sentiments, un petit plaisir, pas grand chose. C’est sûrement très important, l’image s’est directement imprégnée dans la matière. Les paroles de Paul, sur le pont du bateau résonnent encore: si les poissons volants sautent hors de l'eau parce qu'ils fuient, si la brillance de la mer vient des corps de poissons en putréfaction, cela ne change rien au fait que la mer est belle. Même si sa beauté vient de l'horreur.



Un dernier mot, également. Peut-être que mon égocentrisme est la source de tout mes problèmes : je veux une femme qui soit exactement comme moi, ou encore meilleure, sinon rien ne sera parfait. Je ne m’étais encore jamais rendu compte de ce que cela traduisait.


vendredi, décembre 19, 2003

Meeting people is (easy ?) 




Je marche sur le trottoir qui longe une grande route à plusieurs voix, alors que le jour s’endort. D’habitude, je passe ici plusieurs fois par jour, mais en bus. Cette fois, je passe à pied sur le pond qui surmonte le canal. Un pont, disons la route suspendu, ça n’a rien d’un pont, ça n’en a pas le charme. Mes yeux suivent le cours de l’eau, les berges sales, pleines d’herbes sauvages, et aussi de détritus, de caddies rouillés, du papier, des cartons, en masse. Je remonte mon regard, et croise un pont, un peu plus loin, en léger arc, de la pierre brune, taillée et lissée, au milieu, un petit rond contient une date, ou un nom, je ne sais plus. Je pense à Florence, Hannibal, des lettres écrites à Clarice, et Julie, Hortense, d’autres peut-être, ça aussi, j’ai oublié. La beauté de l’instant, un endroit tant fréquenté et jamais vu, et surtout, le dépaysement, l’étrangeté. Un chien aboie, se jette sur sa clôture. Dans l’eau, se que je croyais être un sachet plastique, gonflé, accroché à un morceau de bois pour l’éternité, se met à bouger, une tête sort de la boule, un bec. C’est un héron, il se retourne, et me regarde.



Arrivé à l’heure au cinéma. Je pousse la porte, et je les vois. Une dizaine de personnes entre 18 et 22 ans dans le couloir, accompagnés par un homme plus vieux, le professeur, et je le reconnais, je l’ai sans doute vu dans un journal. Ils bloquent tout le passage, alors j’attends, certains me regardent, se demandant ce que je peux bien faire la. Je les scrute, un peu tout les genres, pas vraiment de tête qui sautent aux yeux. Deux ou trois filles, moches, je suis vraiment désolé, au premier abord. Un des types parle, vraiment naze, d’un film, je sais pas, asiatique, qui n’a pas de figurants, ou que des figurants, parce que le réalisateur n’aime pas les diriger, ou ils n’aiment pas être dirigés. Un gros, un imbécile qui ne jouit pas au cinéma. Le cinéma, est le dernier endroit où je peux encore jouir. Dans la salle, le prof parle aux élèves, à propos du film. Véritable poseur, il explique déjà le sujet profond du film (d’après lui), parle de la fin, etc. Incapable de laisser les gens le regarder. Le film se finit, ils sortent au compte goutte, je scrute encore les visages, rien ne vient. Je sors un dernier, et parle à un type, il n’a pas vu Kill Bill et va voir Le seigneur des anneaux, alors, je switche. Je marche vers l’arrêt de bus, je n’aurai pas parlé au prof de mon envie de m’inscrire, et de toute façon, je n’en ai plus envie. Je voulais juste rencontrer des gens, et pour être franc, des filles. Voilà, maintenant je suis toujours seul, qu’est-ce que je pouvais bien espérer. Personne n’est comme moi, surtout pas une fille. Suis-je trop exigent ? Je sais que je ne pourrai aimer que ma jumelle. Le problème, c’est que je ne parle pas seulement de l’amour sérieux, mais même de l’amourette, même du sexe. Je devrai me faire soigner parce qu’il n’y a pas d’espoir, je ne la trouverai pas. Je ne pourrai plus jamais faire l’amour. Vivre avec quelqu’un. Aller vers quelqu’un. Je sais que je suis trop exigeant, et que j’ai trop d’espoir.




Viridiana de Luis Bunuel

Dans la forme, cela ressemble terriblement à du Soprano. La fin, splendide, et l’importance des objets, liés, devenant objet de fascination. Autrement, il est clair que Bunuel sait faire des cadres. Pour autant, ça ne fait pas la totalité du film, et si il est plein de choses barrées, il manque l’invisible, ce qui fait qu’un film devient un film barré, surréaliste. Chez Lynch apparaît un glissement du spectateur, à l’intérieur du film, d’un système, d’un monde. Ici, rien, ce n’est qu’accumulation, assez vaine. Très sincèrement, s’il n’y avait eu la fin, j’aurai cracher dessus. C’est tout de même assez mauvais. Je ne vois pas trop où le prof veut en venir en s’associant à ce genre de projection. Je veux dire, bon, pourquoi pas Kill Bill, Elephant, Ken Park, Adaptation, CQ, ce qui vit, pour remonter vers ce qui peut revivre. Là, juste une séance comme ça, sur l’année, c’est aussi vain que le film.



Amélie Poulain à la télévision. Tomber amoureux de son visage. Le visage le moins sexuel du monde. Exactement ce qu’il me faut.






Une nuit à rêver de choses inracontables. Mais la morale était ceci : je dois mourir ou partir. Quitter l’endroit où je vis, ceux avec qui je vis, et ne rien regretter, supporter tous le reste. Ou mourir, parce que je ne suis qu’un gosse, malade de l’esprit et incurable. Voué à disparaître, ou mener une vie de merde. Mener une vie de merde.



Il me faudrait juste une fille pour me guérir. Qui voudrait me laisser un peu de temps. Je veux dire, même deux heures. A me dire qu’elle m’aime, que je suis unique et qu’elle a aimé Kill Bill. Elle pourrait disparaître après. Ou rester à jamais.



jeudi, décembre 18, 2003

The Postal Service- Clark Gable 

Le Prince des Ténèbres de John Carpenter





Quatre heure du matin sur la dernière image. Un homme, la trentaine, cheveux blonds, moustache toute aussi blonde, caresse un miroir du bout de ses doigts. Une vraie tête de con. Une heure et demi plus tôt, ce même homme observe une jeune fille sur un campus, qui ressemble vaguement à une pré-Julianne Moore. Onze ans dans le futur, cette femme se tient à l’entré d’une église d’où émane une étrange lumière bleue.
Un très bon film d’horreur, une série B+, pleine d’acteurs inconnus pour toujours, très marquée par les années 80. Quand il filme, Carpenter ne cherche pas à rendre les choses belles, il n’y a pas d’effet, le grain de l’image est très mauvais, mais à l’inverse, il cherche à filmer quelque chose de beau. C’est le sujet qui est soigné, les décors, le maquillage, la mort, l’horreur, à partir de ces bases, pourquoi est-ce qu’il faudrait soigner la façon de les filmer, embellir la vision réelle. Et le scénario, quel scénario, à ranger au niveau de Donnie Darko, en plus gore, moins tapageur. De la science moderne, des monstres, des rêves vidéos du futur, des miroirs, une créature mi-femme, mi-démon, au visage ravagé, moisi, qui regarde avec des yeux horribles, grands, blancs. Les plus beaux yeux du cinéma.





Aller ou ne pas aller en option cinéma ? Qu’est ce que cela peut m’apporter ? Rien, je n’ai besoin de personne pour choisir mes films, ni pour les apprécier. Alors quoi ? Rencontrer des gens, peut-être comme moi, qui vont voir les mêmes films que moi, qui ont peut-être même envie de créer, savoir si ce genre de gens existent, s’ils arrivent à rester intéressants, pour savoir si j’existe, si j’arrive à rester intéressant. Des garçons, à la rigueur, j’en ai la preuve, même s’ils sont loin. Mais des filles ? Est-ce qu’une fille qui a vu Elephant, ça existe ? Est-ce qu’une fille qui a vu Kill Bill, ça existe ? Est-ce qu’elle aime Radiohead, les Libertines, les Strokes, the Postal Service, Interpol ? Est-ce qu’elle pourrait me regarder ? Des questions, qui n’en tiennent qu’à une : y aller, ou pas ?


Tournage de la scène de la rivière de celine :
Je loue une caméra. Nous prenons la voiture, direction Kirschberg, sur la route, nous nous arrêtons pour acheter une bouteille de vodka dans une petite épicerie. Je me rappelle à peu près de l’endroit auquel j’avais pensé lors de l’écriture. Nous garons la voiture au bord d’un chemin, nous devons descendre une petite bute avec tous le matériel sur le dos, la DV, la vodka, la hi-fi, nous manquons de tomber dans l’herbe sèche, se prendre les pieds dans les plantes qui s’enlacent et forment des pièges. Je sais qu’il faut marcher quelque temps sur la plaine, en diagonale, jusqu’à rencontrer la rivière là où elle est le plus déportée vers le fond. Nous arrivons au bon endroit, je pense, mais la toute toute petite plage de sable n’est pas là, nous continuons donc en longeant la rivière, jusqu’à trouver une minuscule plage, mais du mauvais côté, par rapport à mes souvenirs. Ça ne change rien. A partir du moment où la bouteille de vodka est ouverte, chacun s’affaire à sa partie. Je goûte l’eau, sa froideur, cale le cd, et j’attends, les pieds immergés, le goulot porté sur la bouche, pour me réchauffer. Nous ne sommes qu’au printemps. Elle place la caméra sur son pied, tente de trouver un endroit plat, et règle l’image, pendant que je fais mon propre stand-in, et aussi, elle boit. Elle règle encore, et plus je sens l’alcool descendre mon œsophage, plus j’enlève de vêtement. C’est le but de la scène. Être à poil. J’allume la hi-fi sur Red Morning Light, la caméra est prête, quand je suis nu, elle filme, sans me le dire, je le sais tout de même. Je n’arrive pas à grand chose, au départ, et puis le disque défile, et je commence à être dedans. Je m’assois sur les cailloux au fond de l’eau. Quand je me relève, je m’aperçois que je bande, peut-être depuis longtemps. L’alcool sans doute, l’alcool aidant, je sors de l’eau et m’approche d’elle, derrière la caméra. Elle la coupe, et nous baisons sur l’herbe, le vent qui la caresse, l’alcool aidant. Après, calmés, nous recommençons la scène de la rivière depuis le début, moi devant l’objectif, elle derrière. Au moment du montage, je revois les deux versions de la scène, et je comprends que la meilleure est la première, bien qu’elle était destinée à la poubelle. Je coupe juste sur mon image, deux secondes avant que je disparaisse de l’écran, derrière la caméra. Scène suivante.


jeudi, décembre 11, 2003

Honeymoon is over 

Beaucoup d’idiots de ma promo ont préféré aller voir Matrix 3, et l’ont trouvé génial. Parmi eux, un type qui semble proche de Céline en ce moment, ils parlent ensembles, montent ensemble, rient ensemble. C’est un imbécile. Et j’aimerai être lui plus que tout. Qui est le plus imbécile de nous deux ? Lui, bien sûr, mais finalement, c’est lui le plus adapté à la vie dans ce monde. Je devrai crever maintenant.

Il y a trop de gens plus beaux et plus talentueux que moi, là où je travaille. C’est le problème, l’équation inverse de ce que je pourrai laisser croire. Je ne sais franchement rien faire, je ne sais pas être constant, je ne sais pas paraître. Alors, que reste-t-il ? Qui cherche quelqu’un dont le principal talent est de savoir choisir ses films ?





J’étais là-bas, comme un touriste finalement. La nuit tombe très vite. Je la vois, avec d’autres garçons. Ils rentrent tous dans le bâtiment, je suis sur le côté, je les observe, ils m’observent. Ils ont un avantage sur moi : ils peuvent parler entre eux. Le coiffeur ne veux pas s’occuper de moi, parce qu’il n’est pas d’accord avec ce que j’écris. Son salon tient en une seule pièce, un fauteuil de cuir brun, tout semble années 50, même le type huileux, son aide, blonde, 20 ans, silencieuse. Dehors, le directeur, et un élève, un ami à elle, encore dehors. Ils s’adressent à moi, je ne sais pas à propos de quoi, mais je réponds que je suis un artiste, que j’écris de la poésie, des scénarios, des courts romans. A ce moment, ils rient, se moquent de moi. Alors, j’attrape l’élève, le directeur a disparu, je le plaque à terre, contre un grillage, et je le tue. Avec un rétroviseur.


Un homme, très gothique, munie d’une faucille moderne, vient prendre son âme. Quelque chose se passe, la bande son défile à l’envers, du silence vers les premières paroles de l’élève, tandis que La Mort s’éloigne à nouveau, passe à d’autres personnes, aux détours de ruelles. Le sexe, passé à l’envers, ressemble à l’agonie. D’abord, un silence, puis de forts gémissement qui s’éteignent doucement, pour disparaître dans un corps qui s’éveille en s’endormant, pour la dernière fois, un corps chaud qui frissonne. Le sexe, passé à l’endroit, ressemble à l’agonie. D’abord, un corps qui s’éveille en s’endormant, pour la dernière fois, un corps chaud qui frissonne, des gémissements qui montent en puissance, retombent, remontent, pour disparaître dans un silence.


Tout est un mensonge. L’amour principalement. Je dois avouer que j’ai toujours été une petite fille. J’ai cru à la Princesse Charmante, qui n’aurait d’yeux que pour moi, qui partagerait les mêmes intérêts que moi, avec qui tout ne serait qu’un échange permanent. Le cinéma, le sexe, l’esprit, les jours, ne faisaient qu’un. Ceux qui ne le savent pas encore vont être déçu : rien n’est vrai. Les relations hommes-femmes sont basées sur le mensonge, c’est un jeu, un jeu d’acteur. Les conversations sont toujours vides, tournent autour du moment, elles sont brodées. On fait l’effort, mené uniquement par des hormones, ou par intérêt, mais on pourrait s’en passer, on pourrait vivre sans elle, elle pourrait vivre sans nous. D’ailleurs, pour la santé mentale de tous, on fait ça, on évite d’être tout le temps ensemble. Je continue à chercher, parce que le mensonge est joli, c’est sur lui que repose l’entière cohérence du monde. Si le mensonge n’était pas là, qu’est-ce qui empêcherait tout le monde de se suicider, et de s’entre-suicider ? L’argent, le travail, le gloire, l’humour, peut-être pour certains. Pas pour moi. Chaque jour, je cherche, je vois un défilement permanent. Les films de Woody Allen sont une quête permanente ( rappelez-vous les blagues qui ouvrent Annie Hall), insatisfaisante, et pourtant, présente, elle est l’équilibre, du film, du personnage, et elle est aussi leur déséquilibre. Je cherche et je trouve, des visages sans nom, à propos desquels je peux encore imaginer des choses, à propos desquels je peux me mentir. Et je m’arrête là, parce qu’elles ne sont sans doute pas ce que je cherche, et parce que je ne suis pas ce qu’elles cherchent. Elles veulent des poseurs, des durs, qui ne tomberont pas amoureux d’elles avant longtemps, qui apprécient tout et rien, qui peuvent vivre sans elles. Des êtres superficiels. Et je ne suis pas ça (je m’explique : j’ai le malheur de ne pas être ça au premier abord. Je peux avoir des centaines de défauts, ou même de qualités, mais elles ne se verront jamais comme ça, après une semaine). Peut-être que les filles ne sont pas d’accord avec ce que je pense d’elles, dans ce cas, qu’elles me prouvent le contraire.

Puisque Rien n’est vrai, tout est permis, n’est-ce pas ?. Alors il faut jouer, draguer, donc prétendre, puis ensuite ne rien ressentir, juste subir et éviter, en quelque sorte. Malheureusement pour moi, je n’ai jamais aimé les jeux.






Vue- She’s sweet
The National- Sleeping husband
The Distillers- Dismantle me
The Strokes & Regina Spektor- Post Modern Girls

dimanche, décembre 07, 2003

MASTER OF THE FLYING GUILLOTINE  



Je vois trop de gens pleurer pour ne pas me rendre compte de la limite des acteurs. Le meilleur, c’est encore John dans Elephant, car même dans le minimum, il réussit à déformer son visage. Pleurer, ce n’est pas perdre du liquide lacrymale. Pleurer, cela se passe dans le visage, dans sa tension. La peau devient rouge, la salive souvent emplie la bouche, le visage secoué de spasme, il se tend, des plis se révèlent, que l’on n’a jamais vu auparavant et qui n’apparaissent que dans ces moments. On reconnaît quelqu’un qui pleure, justement parce que l’on ne le reconnaît plus. Il y le visage du sexe, et le visage des pleurs. Les deux plus grosses découvertes du siècle, même si l’on connaît très bien la personne.




D’abord, des bruits, le sol qui tremble, un séisme, étrangement, ou pas du tout, je me réjouis, réjouis de mourir comme cela. Tout le monde s’affole, et par la fenêtre, je le voie, un avion de ligne, à peine à quelques mètres du sol, filant droit le nez baissé, comme si il allait s’écraser sur moi, et uniquement sur moi, comme si j’étais sa cible. Mais, finalement, il entame un virage sur la droite et disparaît. L’affaire de quelques secondes, avant un choc, à nouveau le sol tremble. L’avion s’est écrasé. Je sors, cherche le lieu, et je le trouve, un terrain vague, qui s’étend à perte de vue, des anciennes carrières, je ne suis pas le premier sur les lieux, l’avion est dans un cratère préexistant, le nez enfoncé dans un mélange de terre et de sable. Quelqu’un escalade cet endroit et se brûle. Il faut attendre. Il faut se cacher. Je suis dans un chalet, voici la fin du monde, il faut éviter un gaz qui s’est échappé, lié à l’accident. Je ne sais pas pourquoi, je sors, pour voir si il ne reste plus personne sans protection. Dehors, je marche, me protège, arrivé sur le lieu de l’accident, je m’évanouis. En me réveillant, le gaz a disparu, tout est fini. Où sont les survivants ? Qui sont les survivants ? Au chalet, mon portable a été balancé dans la forêt, et en ouvrant une caisse de bois, deux petits gorilles enlacés s’écroulent par terre, morts.




Kill Bill de Quentin Tarantino


Beaucoup moins offensif que les précédents films de Tarantino, mais en même temps, pourquoi pas ? Oubliez le chapitre 1, vraiment mauvais et mal placé, mais néanmoins nécessaire à l’introduction de la petite fille (enfin moi, je dit ça …). Tout le reste vaut le coup. La mort, le sang qui s’échappe, la violence, le viol, l’humour noir des pires situations, tout cela forme la beauté formelle du pire, la corde première du film, ce qui donne envie de vomir, qui montre que la vie est une merde invivable est amplifié, glorifié par Tarantino, parce que c’est finalement le plus fascinant dans la vie. Le Pussy Wagon est exactement ce que son nom l’indique : une chatte, par extension, un utérus. Quand Black Mamba se hisse dedans, suant, tirant, elle s’octroie l’accouchement qu’elle n’a pas eu, accouchement qui se déroule à l’envers, rewind sur un magnétoscope, le bébé rentre au lieu de sortir, et ce bébé, c’est Black Mamba elle-même, la mère, le monde, vulgaire, mais confortable. Grand public, sans perdre de sa qualité, Kill Bill est le bon penchant de Matrix 2 et 3, qui étaient basés sur la prouesse, la virevolte, le ballet. Kill Bill est tout cela, sans les dorures dégueulasse, les mauvaises histoires à tiroir, qui se répètent sans cesse, qui cherche à être intelligentes. Tarantino ne cherche absolument pas à être intelligent, il cherche uniquement à être bon, là est toute la différence ;c’est pourquoi son film est bourré d’inventivité, de fraîcheur, qu’il n’hésite jamais, qu’il devient noir et blanc par pur plaisir, qu’il devient dessin animé, qu’il accélère, se relâche, qu’il tient sur deux épisodes, et que les deux seront absolument les mêmes, sans chercher à briser la story-line, à l’épaissir artificiellement, et que les deux épisodes seront aussi bon. Les références, les hommages s’enchaînent, et l’important est qu’à aucun moment cela ne se ressent A partir de la sortie de ce film, n’importe quel personne qui est allé voir Matrix 3 est un imbécile, alors que dans le même cinéma, un film plus spectaculaire et jubilatoire était donné, et que c’était vraiment du cinéma. Pourtant, malgré une bonne distribution et une grosse promotion pour Kill Bill, Matrix 3 sera toujours premier. Notez pour finir un fétichisme du pied très présent, entre ceux d’Uma Thurman dans le Pussy Wagon (les plus laids du monde, donc les plus pieds), et un bon petit paquet de pied coupés, transpercés avec joie.



lundi, décembre 01, 2003

Babylone 

Ken Park de Larry Clark





Désespérant, excitant, mort, vivant. Larry Clark va loin, très loin, et partout ; tout le monde suit, ou tout le monde disparaît. J’ai suivi, bien sûr. Drôle de constater qu’au départ une dizaine, je restais seul à la fin du générique, sans avoir à aucun moment entendu le bruit d’un siège qui se relève, d’une porte qui s’ouvre. Cela commence par Ken Park et cela finit par Ken Park, toujours aussi classiquement, intelligemment ; la mise en scène de son suicide, la caméra, le sang, son bras, ses taches de rousseur, la musique. Je suis Ken Park. Personnellement, je dois me rendre à l’évidence que je suis Tate. J’ai goutté au scrabble avec mes grands parents, aux joueuses de tennis, à la solitude. Ne croyez pas que c’est un personnage gratifiant. Mais en fait, tout le monde est tout le monde, c’est bien là le point crucial du film. C’est notre propre intériorité qui peux nous faire penser que nous sommes inédits, différents, que seul « je » existe sur terre, à des sentiments. Il n’en est rien, nous sommes tous pareils, mêmes nos pires ennemis, mêmes nos parents pensent au sexe (est-ce cela qui m’en dégoûte ?), mêmes nos parents se sentent totalement seuls, morts et mal aimés, mêmes les plus cons des parents, mêmes nos amis doivent affronter le déni, même la chatte de Britney Spears sent comme celle de sa mère. Alors quoi, nos problèmes viennent de l’impossibilité à comprendre cela, de l’impossibilité à communiquer cela, je suis sans doute le premier. Je prends tous les autres pour des imbéciles, futiles et vides, et tout le monde me prend pour un imbécile, futile et vide. Au passage, pour un film interdit seulement au moins de 16 ans, il est putain de bandant, on aimerait bien être à la place de certains acteurs, là comme ça, et en même temps, quelles performances, un tel dévoilement face caméra de la part de jeunes et moins jeunes, une caméra jamais lubrique, toujours amoureuse, jamais clipeuse. Je ne sais pas, j’ai confiance au cinéma plus qu’en n’importe quoi d’autre, quand je vois le nombre de films qui me parlent, qui parlent de ma vie, et dont on parle, qu’on distribue, que l’on conçoit, je me dis que l’année a été bonne. Et la qualité d’image, d’ambiance, de jeu, pour des si petits budgets, on est loin très loin des 80’s, début 90’s. Vraiment, le 21 siècle me plait, pour ça. Et toujours, c’est écrit finement, doucement, sans ficelles, aucune ficelle, l’action se passe en deux jours, un mois, un an, peu importe, et c’est pareil pour tous le reste, il y a une telle fluidité, plus rien d’autre n’existe, plus besoin d’explication. J’espère vraiment que ces exemples m’aideront à progresser. Si il part de skateur, le film ne parle jamais de skate (ce qui a du tromper quelques mecs dans l’assistance), il s’agir juste d’un vecteur pour réunir une jeunesse, un vecteur que l’on oublie vite, cela pourrait être n’importe quoi, mais une chose unique, parce que tout le monde est pareil. Ne l’oubliez pas. Votre pire ennemi.



NO EXPRESSION. Qui veut fonder le mouvement des no expression, les gens qui n’ont rien à dire, qui ne souhaitent pas être démonstratif, qui ne veulent pas répondre à la critique, mais acquiescer à ce qu’elle dit sur nous ? Ça va paraître paradoxale, de tenir un blog, d’écrire des scénarios, de la poésie, et de proclamer ne pas être démonstratif. Les gens qui lisent ceci ne me connaissent pas, je ne cherche pas à les baiser, à l’impressionner, même si j’adorerai ça. Marrant, à 14-16 ans, j’étais dans la politique, dans l’actu, et les cours. Aujourd’hui, c’est vraiment loin, tout cela. En quoi je pourrai être intéressé par des vieillards endormis, par des entreprises, par des OPA, par des lois, par la défense de mes droits ? Quelqu’un dit, on va se suicider à cause de ce partiel. Franchement, chérie, j’ai d’autres raisons de me suicider.



Cette nuit, j’ai cherché mon mojo à la manière de Nate Fisher. Je courais après un bus sans jamais pouvoir l’attraper, faisant des détours, me trompant complètement de chemin, je rencontrai des gens, intéressant ou pas, je mentais, je repartais, j’arrivais dans une gare, un théâtre romain, je ressortais, dans un magasin de lingerie érotique, puis sur la rue, enfin, au bon arrêt de bus, le tout premier, j’attends, et quand le bus arrive, je ne le prend pas. C’était elle. Tout était elle, elle était dans le bus.



Jean Cocteau. Jean Cocteau partout. Je le voyais à la télé, présentant des recettes de dessert, dans une grande robe d’or quelque peu chinoise, dans un supermarché, au service et à la consigne. Souriant, parlant, changeant. Et puis, avant tout cela, j’étais dans son appartement. En sous-sols, dans une avenue prolétaire. Un escalier qui descend directement de la rue, des petits soupiraux en haut. Son lit tout de suite à côté de l’escalier, la cuisine au fond à gauche, à droite, d’abord un piano dans le coin, une bibliothèque, une table, et une autre pièce, invisible. Il se trouve dans la cuisine. Je fouille sous le lit et en sors un carton plein d’écrit, je le pose sur l’édredon, j’observe, déchiffre quelques extraits, avant de tomber sur un petit carnet de poèmes inédits. C’est à ce moment là qu’il arrive, très calmement, comme si de rien était, si je n’avais pas dérangé, il range le carton dans un tiroir. Je constate qu’il a oublié de ranger le carnet de poème, alors je le prends rapidement et le cache sous son oreiller. C’est à partir de là que je sais que c’est MON carnet de poème. Bien qu’il lui ressemble, je sais aussi que ce sont ces poèmes, et qu’il faut que je le laisse là. Finalement, je bois le thé et m’en vais, sachant que je ne pourrai jamais revenir.

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